Je n'aurais jamais pu accompagner ma mère dans ses presque sept années de maladie si je n'avais pas eu l'aide de Liliane que j'ai rencontrée grâce à ce blogue. Au fil des ans, Liliane a généreusement prodigué conseils et soutien. Nous avons bénéficié, maman et moi, de ses connaissances d'infirmière en neurologie et en gériatrie. Au moindre souci, j'appelais à l'aide et Liliane répondait.
Liliane est gourmande et excellente cuisinière. Je suis gourmande. Quoi de mieux qu'un cours de cuisine en guise de remerciement? Oui, mais où? L'idée m'est enfin venue de mes parents... ils avaient gardé un excellent souvenir d'un séjour à l'
Oustau de Baumanière et, comble de chance, le chef étoilé
Jean-André Charial y donnait un cours juste au moment où j'étais chez Liliane. Ne faisant ni un, ni deux, j'ai réservé nos places. Au menu? Préparation du dîner de Noël... oursins, huîtres, saint-jacques, filet de cerf, sauce grand veneur et bûche. Ce fut un de plusieurs dîners de Noêl que j'ai eu le plaisir de déguster sous les bons soins de l'Oustau, de Brigitte et Sylviane et de Liliane.
Malgré la pluie battante, le vent et la nuit tombée, le charme de l'Oustau se fait vite sentir.
À l'intérieur, il fait bon. L'accueil est chaleureux et attentionné. Le décor est exquis. Le ton est juste.
Même si nous sommes arrivées tard, notre table nous attend et sous l'oeil de ma mère (que nous appelions la lionne) nous dînons de pigeon, de saint-jacques, de chocolat et de fruits confits. La cuisine de Baumanière est empreinte d'un dosage savant des saveurs. Du curry dans le potage? On le devine plus qu'on le sent - juste assez, mais pas trop. S'ensuit une cuisine toute en rondeur, toute en saveurs qui satisfait pleinement. En d'autres mots, c'est très très bon.
Rassasiées, endorphines stimulées, heureuses de notre sort, nous nous mettons au lit dans la chambre sous les combles. Le cours débute tôt le matin suivant...
Une bonne quinzaine d'étudiants se massent autour de l'ilôt central...
Carnets de notes, appareils photos, écoute attentive et mains à la pâte...
Nous goûtons bien sûr ce que nous préparons. Encore là, rondeur des saveurs, dosage savant et parfait, explications claires... on croirait (presque) qu'il sera possible de reproduire chez soi, sans la direction subtile des maîtres d'oeuvre... Pendant ce temps, la brigade de l'Oustau prépare sa version du menu festif. On passe à table...
Et c'est là qu'on prend conscience que les mets font partie d'un tout... le lieu et son décor, la table, le service, les vins, l'imagination et le savoir-faire du chef, la préparation et la présentation (sublimes) des aliments, tous ces éléments visant à créer un espace propice à la convivialité qui reste gravée dans la mémoire.
Au petit-matin, j'avais ouvert la fenêtre sur un paysage comme ceux que j'imaginais décrits par Giono. Vint s'ajouter à la présence de ma mère, celle de mon père, car c'est dans Le hussard sur le toit que j'avais compris son code d'honneur. Et c'est à Baumanière qui tourne le dos au Val d'enfer que j'ai pu fermer le chapitre terrible de la maladie de ma mère pour laisser place à un souvenir plus juste, plus complet.
Vous voulez voir ce dont je parle quand je dis que la cuisine de Jean-André Charial en est une de plénitude et de surprises? Essayez sa soupe de poivron au gingembre...
Voici ses explications sur comment procéder...
À la soupe!