samedi 12 juillet 2008

Fronteira

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photo Gato Azul

Une affaire urgente m'a fait sortir de ma campagne profonde hier pour me rendre à Montréal et j'en ai profité pour faire le plein de confitures aux fraises Première Moisson (dois-je vous rappeler qu'elles contiennent la moitié moins de glucides (sucres) que les confitures conventionnelles?). J'ai aussi déniché une miche de pain double chocolat, un pain brioché truffé de pépites de chocolat noir et enfin un livre que je cherchais depuis un moment, chez un libraire d'occasion, La frontière, de Pascal Quignard, publié aux Éditions Chandeigne qu'Elvira connaît bien. J'avais tout ce qu'il me fallait pour passer un samedi avant-midi au Paradis.
Some urgent business got me out of the deep country into Montreal and I took advantage of the trip to stock up on strawberry preserves from Première Moisson (need I reiterate that they have half as much carbs as conventional preserves?). I also found a miche of dark chocolate chip brioche and, finally, a book I've been hunting for since a while, at a second-hand book store, La frontière by Pascal Quignard published at Éditions Chandeigne that Elvira knows well. I had everything at hand for a Saturday morning in Paradise.

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photo Gato Azul
Rare de trouver des confitures où les fruits sont entiers
Unusual to find preserves where the fruit are intact

Vous ne serez pas surpris si je vous dis que j'aime les azulejos, ces tuiles portugaises qui ornent l'intérieur et l'extérieur des édifices, habitations ou maisons officielles. La première fois que je suis entrée dans une chapelle du 17e dont les murs et le plafond étaient complètement recouverts de ces tuiles bleues et blanches, je me suis assise, stupéfaite, et les larmes me sont montées aux yeux. J'avais trouvé là tout ce qui faisait appel à ma sensibilité visuelle et rien ne m'avait préparée pour l'effet que me ferait cet agencement de formes et de couleurs. Depuis, quand je veux retrouver un sentiment de calme et de bien-être absolus, je fais appel au souvenir de cette sensation vécue dans la chapelle du couvent à Arraiolos.
Would you be surprised if I told you that I love azulejos, those Portuguese tiles that ornament interiors and exteriors of buildings? The first time I visited a 17th century chapel with walls and ceiling ornamented with blue and white tiles, I sat down on a bench, stunned, and tears came to my eyes. I had found in this space everything that appealed to my visual sensibility and nothing had prepared me for the impact the arrangement of forms and colours would have on me. Since, whenever I want to feel absolute calm and well-being, I recall the memory of the sensation I felt in the chapel at the convent in Arraiolos.

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C'est ce qui m'a incité plus tard à apprendre à peindre les azulejos, de la manière traditionnelle, en mélangeant moi-même les pigments qui sont appliqués sur des tuiles enduites d'une poudre de verre qui se vitrifie dans le four. Ce n'est pas là la technique mauresque de corda seca (corde sèche) un cordon qui entoure la forme des dessins et empèche les couleurs de saigner les unes dans les autres. Non, c'est une technique empruntée aux Chinois qui a donné lieu aux productions de tuiles à Delft, en Espagne et au Portugal mais, au Portugal, cette forme d'art a atteint un sommet inégalé car les Portugais, dans leur grande ingéniosité, ont adopté les azulejos pour les intégrer dans leur architecture. Ingénieux d'assurer une étanchéité aux bâtiments à l'aide de ces tuiles, car le climat maritime du Portugal faisait en sorte que les édifices souffraient de l'humidité. Les tuiles vitrifiées contraient ces assauts.
That's why, later on, I learned how to paint azulejos, in the traditional way, by mixing my own pigments that I applied on glass dust powdered tiles that turn into glass when they are fired. I'm not talking about the Moorish technique, the corda seca (dry rope), a string that traces the contour of the design and keeps the colours from bleeding into each other. No, I'm talking about a technique borrowed from the Chinese that gave rise to tile production in Delft, in Spain and in Portugal but, in the latter, this art form reached unequaled summits because the Portuguese, in their ingeniosity, adopted azulejos to integrate them into their architecture. It was brilliant to ensure that humidity did not attack buildings with these tiles, since Portugal's maritime climate was very rough on materials. The glass glazed tiles would counter the effects of humidity.

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Mais qu'est-ce que c'est que ce livre «La frontière» et de quoi s'agit-il? C'est un livre merveilleux, dont la première partie est un exercice d'écriture purement fictif par Pascal Quignard qui se fonde sur les membres d'une famille noble très influente au Portugal depuis bien avant le 17e lorsqu'ils participèrent à l'expulsion de la monarchie espagnole qui s'était emparée du trône (tout comme ils participèrent plus récemment à l'organisation de la révolution des oeillets qui donna lieu aux événements du 25 avril 1974 à Lisbonne). Fronteira (la frontière) parce que la quinta (domaine) est située aux confins, à la frontière, de Lisbonne? Exceptionnel ce domaine, car il a survécu au terrible séisme du 18e où presque toute Lisbonne a été détruite, et que l'architecture précédant ce siècle a été anéantie. Puisque Fronteira a été construite vers les années 1640, elle préserve les azulejos de cette période, sous une forme souvent très originale dans l'expression de cet art.
So what is this book, La frontière, all about? It's a wonderful book, the first part being a totally fictional narrative based on the members of a very influential family in the Portuguese nobility whose importance goes back well before their participation in the overthrow of the Spanish monarchy who had seized control of the throne in Portugal (just like they participated in the organisation of the Révolution des oeillets that gave rise to the events on April 25, 1974 in Lisbon). Fronteira (frontier) because the quinta (estate) is located on the outskirts, the frontier, of Lisbon? The estate is exceptional since it survived the terrible earthquake in the 18th century that destroyed most of Lisbon and annihilated architecture that predated it. Since Fronteira was built in the 1640s, azulejos from this period have been conserved, often in a very original expression of this artform.

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La chapelle

Cela a commencé avec la chapelle, puis s'est étendu successivement à une variété de bâtiments construits sur le domaine, dans les jardins, à l'intérieur et à l'extérieur. Fait intéressant, les archives de Cosme de Médicis décrivent la quinta car ce dernier l'a visitée et il l'a décrite. Ça vous donne peut-être une indication de l'influence de cette famille noble, les Mascarenhas. dont le descendant, l'actuel marquis de Fronteira, habite toujours le domaine situé sur la colline de Monsanto.
It started with the chapel, then it went on in the various buildings on the estate, in the gardens, inside and out. Interestingly, the archives of Cosme de Medicis describe the quinta since he visited it and wrote about it. This might give you an indication of the influence of this noble family, the Mascarenhas, whose descendant, the actual Marquis de Fronteira, still lives on the estate on the hillside of Monsanto.

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Comme ils sont discrets, les Portugais, car de l'extérieur du pays, on ne peut pas vraiment déceler combien il regorge de trésors infinis. À partir des menhirs, des dolmens, des ruines du temps de l'occupation romaine (Conimbriga, entre autres), le gothique flamboyant manuelin qui exprime la période glorieuse où les explorateurs portugais ont découvert des mondes insoupçonnés, jusqu'au baroque qui est si bien traduit à Fronteira. On perçoit dans leurs trésors leur enthousiasme sans borne face aux merveilles qu'ils découvraient, que ce soit aux Indes, au Japon (il suffit de dire que «merci» en portugais - obrigado - est une déformation du mot japonnais «oligato») et à leur souci d'assimiler ces trésors dans leur culture.
How discreet are the Portuguse... From outside the country, it's difficult to imagine how filled with treasures it is. From menhirs and dolmens, to ruins from the Roman occupation (Conimbriga, for one), the flamboyant gothic style that expresses the glorious period when Portuguese explorers discovered unsuspected worlds, to the baroque that is so well translated into the ornamentation at Fronteira. You can perceive in their treasures the unbounded enthusiasm they felt at the marvels they were discovering, whether in India, in Japan (suffice it to say that «thank you» in Porgutuese - obrigado - is an offshoot of the Japanese word «oligato») and their care to integrate these treasures into their culture.

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C'est cet enthousiasme et cet émerveillement d'ailleurs qui ont donné lieu à une autre forme d'expression artistique portugaise, les tapis d'Arraiolos, tapis brodés plutôt que noués qui, à l'origine, reproduisaient l'iconographie des tapis d'Orient.
This enthusiasm and sense of marvel are what gave rise to another Portuguese artform, the Arraiolos rugs, embroidered rather than wrought, that reproduced rugs from the Orient.

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Initialement polychromes, les azulejos ont ensuite évolué pendant un moment vers une bichromie, le bleu de cobalt sur tuile blanche, les pourtours des formes soulignés par du noir.
Initially polychromous, azulejos evolved for a while to a bichromatic stage, cobalt blue on white with a black tracing around the designs.

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L'ensemble architectural, à Fronteira, illustre cette transition.
The architectural ensemble, at Fronteira, illustrates this transition.

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Ici, du bleu de cobalt, du noir et de l'ochre.
Here, some cobalt blue, some black and some ochre.

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Mais ce qui me plaît le plus, chez les artistes portugais, c'est leur humour teinté d'ironie et d'une touche d'irrévérence... Carracci aurait été bien étonné de découvrir son Aurore, yeux exorbités, toute rondelette et nue...
But what I like most with Portuguese artists, is their humour tinted with irony and a hint of irreverance... Carracci would have been astonished to discover his Aurora, eyes bulging out of their sockets, all roundess and nakedness..

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Ou ce singe... les dieux seraient-ils des singes et nous ne le savons pas (ou vice versa)?
Or this monkey... are the gods monkeys and we don't know (or vice versa)?

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Vous êtes vous jamais demandé pourquoi mon blog s'appelle «Gato Azul»? Voici la réponse... ce chat bleu (gato azul) se trouve sur le côté d'un banc dans les jardins de Fronteira. Voilà l'original que j'ai reproduit deux fois... la première, mon premier exercice de peinture d'azulejos, a donné naissance à la table que vous voyez dans la colonne de gauche (les tuiles séparées par des lattes de bois). Fait cocasse, si vous la regardez de près, vous remarquerez qu'il y a un manque dans les moustaches du chat... mon professeur, en examinant les azulejos, me l'a souligné, j'ai regardé l'original et je me suis aperçue que l'artiste du 17e avait exactement le même manque dans les moustaches! Une belle illustration du dialogue qui s'établit, hors du temps, entre deux personnes qui traitent artistiquement du même sujet. J'avais remarqué, oh que oui, sans m'en apercevoir et j'avais répondu, sans m'en apercevoir non plus. La deuxième fois que j'ai reproduit ce gato azul, cela a donné pour résultat le logo de mon blog.
Have you ever wondered why my blog is called «Gato Azul»? Here's the answer... this blue cat (gato azul) can be seen on the side of a bench in the gardens of Fronteira. Here's the original that I reproduced twice... the first time, my first painted azulejos, to make the table that appears in the left column (the tiles separated by wooden strips). Funny, if you look at it closely, you'll notice that there's a spot where there is no paint in the whiskers... my professor, while looking at my tiles, remarked on it and I looked at the original and discovered that the artist from the 17th century had exactly the same «flaw» in his painting! It's a lovely illustration of the dialog that is being established, outside of time, between two people who treat the same subject. I had noticed, I'm sure, without knowing and I had answered, without knowing either. The second time I reproduced these azulejos, I painted the logo that appears on my blog.

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Ce qui me charme, à Fronteira, c'est le bestiaire... Tous ces animaux qui jouent dans les jardins...
I'm charmed by the bestiary at Fronteira... all those animals playing in the gardens...

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Vous voyez ces coups de pinceau dans la couleur? Jusqu'à ce que j'étudie les images dans ce livre (qui sont excellentes) je me sentais complexée parce que j'ai des coups de pinceau dans mes azulejos.
Can you see the brushstrokes in the colour? Until I studied these images in the book (that are excellent) I felt badly because I have apparent brushstrokes in my azulejos.

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photo et azulejaria, Gato Azul

On ne peut pas «traîner» son pinceau quand on peint sur une tuile enduite de poudre de verre car, à coup sûr, on déplacerait cette poudre et la vitrification ne se produirait pas à cet endroit. Il faut appliquer avec la pointe du pinceau perpendiculaire à la surface, à peine frôler la tuile et déposer le pigment dessus sans déplacer la poudre. Ce n'est pas de la peinture à l'acrylique, mais pas du tout. Les coups de pinceau sont inévitables et indiquent probablement qu'une tuile est faite de la manière traditionnelle par opposition à une tuile peinte à l'acrylique. Ouf! Je suis rassurée!
You can't «drag» your paintbrush when you paint on a tile covered with glass powder because, for sure, you'll move the powder and the glassing over won't occur at that spot. You have to apply the pigment with your brush placed perpendicularly to the surface, just stroking the tile while depositing the pigment on it without affecting the glass powder. It's not like painting with acrylic, not at all. Brushstrokes are inevitable and probably indicate that a tile has been painted in the traditional way in opposition to a tile painted with acrylic. Phew! Now I feel better!

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Mais ce qui me fascine, à Fronteira, ce sont tous ces chats...
But what fascinates me, at Fronteira, are all those cats...

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Comme il est galant, ce gatinho, d'offir une si jolie sardine à sa belle...
How courteous this gatinho is, offering such a lovely sardine to his sweetheart...

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Pourquoi y a-t-il tous ces chats au jardin? J'ai posé la question plusieurs fois, à plusieurs personnes, et je n'ai pas eu de réponse. Le savez-vous, vous? Si oui, dites-le moi... Est-ce parce qu'il y avait une frayeur des rats - et des ravages de la peste - que ces chats sont là pour veiller sur les humains et chasser les rats?
Why are there so many cats in the garden? I've asked the question many times, to many people, and I've yet to get an answer. Do you know? If so, please let me know... Is it because people were afraid of rats - and the resulting plague - that these cats are there to care for humans and chase the rats?

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La fresque la plus connue est celle qu'on appelle «la leçon de musique». J'adore cette fresque si pleine d'humour... Une inscription au mur «Je suis le maître de solfège» et des singes-professeurs qui enseignent aux chats à chanter... Les singes n'apprécient-ils peut-être pas les sérénades harmonieuses des gatinhos lorsqu'ils font la cour aux gatinhas?
The most well-known frescoe is the one called «The Music Lesson». I love this frescoe that is so humorous... A sign on the wall «I am the master of singing lessons» and some monkey-professors who are teaching the cats how to sing... Perhaps monkeys don't appreciate the harmonious serenades of gatinhos wooing their gatinhas?

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À chaque fois que je la regarde, cette fresque, je souris. Regardez-moi l'expression de ce chat qui nous interpelle... Toute l'incongruité de la situation est traduite dans ses yeux... il nous dit, sans doute, «C'est un rêve loufoque!».
Every time I look at it, I have to smile. Look at the expression on this cat's face as he stares at us... The strangeness of the situation is translated in his eyes... he tells us, undoubtedly, «This is a bizarre dream!»

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Quelles sont ces singeries? Un chat n'a pas besoin d'apprendre à miauler pour miauler... C'est comme la vie, on a pas besoin d'apprendre à vivre pour vivre...
What's all this monkey business? A cat doesn't have to learn to meow to meow... It's like life, you don't need to learn to live, to live...

11 commentaires:

Marie Seattle a dit...

Je me sens frustrée, ma connexion internet est très lente et je n'arrive pas à charger toutes les photos de ton billet! Mais celles que j'ai pu voir sont superbes. J'aime bien ta façon de voir les choses, que ce soit le bleu des azulejos, la miche double choco ou la confiture avec les fruits entiers... Et tout le reste aussi! Les assiettes en forme de coeur sont restées à Brest avec mon amoureux, mais tu as pu voir que je ne morfonds pas pour autant dans mon petit coin de l'Idaho ;o)
Bisous!

Anonyme a dit...

Je me suis fait plaisir avec les photos, Mavielle... désolée... L'amoureux garde sans doute précieusement les deux coeurs pendant que tu... ne te morfonds pas. Profites-en, ma belle, à plein.

maloud a dit...

Magnifique, Louise.

Sacha a dit...

Bonjour Louise
Encore beaucoup de plaisir epprouvé avec ce magnifique billet ! le bleu étant ma couleur préférée , je suis donc aux anges ; de plus le sujet m'intéresse beaucoup j'ai encore beaucoup appris aujourd'hui grâce à toi via internet qui nous permet de partager tes passions pour les belles oeuves
Je me suis permis d'enregistrer une photographie de chat bleu toutes trop belles et délicates pour résister !
Je te souhaite une belle journée mais ne doute en aucun cas qu'elle le sera !

Babeth De Lille a dit...

j'aime le bleu....j'aime les chats....bref!...j'aime ton billet et suis bien contente de voyager sans quitter ma cuisine!

Anonyme a dit...

Merci, Maloud... tu vis dans un pays merveilleux.
Ah, vous deux... ces petits chats qui viennent compléter le billet, c'est trop mignon. Tu me montreras, Sacha, ce que tu en as fait? Il pleut ici, aujourd'hui... ça fait du bien. J'aime aussi voyager par Internet, Babeth, (moins fatiguant que les vrais voyages... quoique ce serait bien d'aller regarder ces azulejos pour de vrai)

Anonyme a dit...

Très beau billet Louise !
Je n'ai qu'une édition "de poche" de la
Frontière de Quignard avec très peu
d'illustrations. Merci pour ces photos,
tes textes et cette ballade au Palais des
Fronteira.

jp a dit...

et bien quelle belle note Louise,
Pascal Quignard éminent latiniste mais aussi amateur de significations en couches multiples attire justement l'attention sur cette incroyable usage que les portugais ont fait de la tradition antique des murs décorés
avec les techniques des arabes
Ce qui me fascine le plus est que ces décorations sont dans un jardin et traitées de façon quasi végétales
Ils donnent aux jardins une présence formidable qu'on ne trouve pas dans les jardins à marcher.
Savais tu que nous sommes en train de faire faire les azuléjos des 6 fenêtres du jardin bleu, c'est incroyable comme le trait est en accord avec les plantes, on va aussi faire les bancs du jardin blanc là c'est un modèle andalou.
Tu poses la question : pourquoi le chat ?
Tu sais la réponse : tu as un chat.

Les décors des jardins sont des décors intimes
ce sont de jardins qu'on habite de façon intime
le Portugal a produit la forme la plus achevée du jardin ibérico mauresque
autre constante que Quignard, l'intimité

Anonyme a dit...

Étrange, Gabriella, comme la vie nous mène où elle veut... cela faisait belle lurette que je voulais ce livre et je ne me résignais pas à le faire venir par mon libraire puis, l'autre jour, comme par hasard, chez Amazon, j'aperçois un exemplaire à prix très intéressant chez un libraire d'occasion... j'écris, il me répond et il est à Montréal. J'y suis arrivée et il m'a fait un encore meilleur prix! Tu t'imagines que je n'ai pas refusé! ;-P Il est tout ce que je pouvais souhaiter, ce livre.
Merci, JP - oui, je savais pour le jardin, tu me l'avais dit... Les Portugais ont poussé l'art de l'azulejos beaucoup plus loin que les Maures - où les Maures étaient intéressés à reproduire un certain ordre mathématique dans le chaos, à Fronteira, avec ces bestiaires aux animaux empreints d'une vitalité et d'une présence incroyables, l'artiste Portugais a exprimé son art (et sa personnalité). En interpellant l'observateur, il a établit un dialogue - une manière très moderne, personnelle et moins mathématique qu'une simple figuration abstraite des lois de l'univers... c'est vraiment là l'essence du baroque, mettre l'être humain au centre de l'expérience humaine, là où la Renaissance avait mis l'homme au monde, le Baroque lui donnait une âme... Les chats? Pourquoi? Un chat n'est pas un chien, tout simplement, il garde cette part de liberté, comme le libre arbitre, en quelque sorte. Laissons les singes faire leurs singeries et contentons-nous de miauler, comme nous savons si bien le faire ;-P J'espère que tu m'enverras des photos des azulejarias?

Elvira a dit...

Fronteira... L'une des plus belles choses qu'il m'ait été donnée de voir au Portugal. Une des raisons pour lesquelles je me suis installée ici... Les Açores, c'est tout ça en concentré sur de petits espaces, avec cette vieille culture millénaire derrière et les nouveaux mondes qui s'ouvraient devant... :-)

Beijinhos.

Anonyme a dit...

Oui, géographiquement, le Portugal n'avait que 2 choix, regarder derrière vers le vieux continent, ou regarder devant vers le nouveau. J'ai pris conscience du courage qu'il a fallu lorsque je suis allée au fort de Sagres surplombant un océan si vaste qu'on voyait la rondeur de l'horizon... quel courage pour s'y lancer quand tous croyaient que la terre était plate! Une lumière étonnante sur cet océan. Quel beau pays, Elvira, je ne m'en lasserai jamais.